Mogniss H. Abdallah, « La Marche pour l’égalité et contre le racisme « n’est pas assez entrée dans l’histoire » », Vacarme, 1er mai 2014

La Marche pour l’égalité et contre le racisme « n’est pas assez entrée dans l’histoire »

Faut-il « marcher encore » ? Faut-il proclamer : « on ne marche plus ! » ? Les commémorations de la Marche pour l’égalité et contre le racisme ont illustré, jusque dans les œuvres de fiction et les volontés d’héroïsation de cette entreprise collective, la nécessité de lutter pour la transmission de la mémoire et pour l’autonomie des récits sur ce passé encore vif.

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Mogniss Abdallah, « Marseille : des « ratonnades » de 1973 à la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Quelle(s) transmission(s) d’un héritage riche d’actions collectives ? », 8 avril 2014

Le 4 décembre 2013, café-théâtre Le Tabou chez Cid-Hamid à Marseille : des ami-e-s se retrouvent pour clore avec une soirée politico-culturelle cette année 2013 marquée à la fois par l’opération « Marseille, capitale européenne de la culture», par les 40 ans des « ratonnades » meurtrières dans le Midi et par les 30 ans de la Marche pour l’égalité et contre le racisme.

C’est aussi l’occasion de rendre hommage à Hamid Aouameur, tenancier de cet espace culturel près du Vieux port qu’il espère développer en lieu de mémoire vivante, et à sa compagne Andrée. Hamid, qui lutte contre une longue maladie, a connu le Mouvement des Travailleurs Arabes (MTA) et la Maison des Travailleurs immigrés (MTI), le journal Sans Frontière. Il a aussi soutenu la Marche initiée par les jeunes des Minguettes, partie de Marseille le 15 octobre 1983. Depuis, il s’est investi dans l’action culturelle, le théâtre en particulier.

Il a gardé le contact avec Mustapha Mohammadi, aujourd’hui actif notamment auprès des Chibani-a-s, qui a participé au bel ouvrage « Les Dames de l’exil », et avec Mogniss H. Abdallah, auteur du livre « Rengainez on arrive ». Ensemble, ils imaginent un petit événement culturel rassembleur, amené à trouver des prolongements. Tout un chacun est convié à participer, par la lecture de textes, des chansons, ou par l’évocation de souvenirs personnels.
Parmi les intervenants, il y aura Mohamed Bouzidi qui chante « Yaoulidi » en hommage à Lahouari Ben Mohamed, tué par un CRS le 18 octobre 1980 dans les quartiers Nord, accompagné à la guitare par Hassan, petit frère du défunt. A voir et à écouter ici :

« C’est moi l’Assassiné », clame un poème en arabe de Lazhar, travailleur immigré rendant hommage aux victimes de l’attentat meurtrier au consulat d’Algérie à Marseille, le 14 décembre 1973. Durant les années 70, plusieurs groupes politiques ou culturels exprimèrent sentiments et aspirations de l’immigration, et transmirent leurs pratiques « agit’prop’ » (journaux et théâtre d’intervention, chants pendant les rassemblements, etc.) aux enfants d’immigrés, du moins aux aînés.

Marilaure Mahé, ex-Marcheuse permanente en 1983, choisira des extraits du livre « La Marche, traversée de la France profonde » de Bouzid Kara, également présent avec son fils. Dans la foulée, Andrée lit des extraits du roman « En Marche » de Marilaure, évoquant l’onde de choc provoquée par la mort de Habib Grimzi, défenestré par des apprentis-légionnaires dans le train Bordeaux-Vintimille. Un débat s’ensuit sur les risques d’une indignation sélective : qui se souvient, en effet, de la mort de Laïd Khanfar, tué sur le port de la Joliette quelques jours après, par un douanier ?

Les luttes, cependant, aboutissent parfois à des acquis qu’il faut connaître et défendre, sans quoi ils risquent d’être remis en cause et vidé de toute substance, comme c’est le cas aujourd’hui pour la carte unique de 10 ans. Reste que les motivations racistes d’un crime sont désormais considérés comme circonstances aggravantes, et des associations peuvent se constituer partie civile. Mais attention à ne pas diluer le racisme dans une dénonciation des discriminations fourre-tout. Et la lutte pour l’égalité nécessite un rappel aux fondamentaux : historiquement, il s’agit de l’égalité des droits -sociaux, culturels et politiques- entre Français « de toutes les couleurs », hommes et femmes, mais aussi entre Français et immigré-e-s – ceux et celles qui ont une carte de résidents « étrangers ».

Pourquoi n’y a-t-il pas eu transmission de cet héritage de luttes ? s’exclame Haouaria Hadj Chikh, militante active dans les quartiers Nord. Une interrogation qui sonne comme un coup de semonce. On se quitte alors en se promettant à l’avenir de mutualiser davantage les expériences de chacun(e), et de mettre en commun les différentes traces existantes (enregistrements sonores, journaux, affiches, photos et images audiovisuelles etc.). Vaste chantier…

Mogniss Abdallah

Daniel Guerrier, « Le rendez-vous manqué et ses coulisses », décembre 2013

Il aurait peut-être fallu faire plus attention à la Marche…

Déjà trente ans de passé depuis la « Marche des beurs » de Marseille à Paris comme l’ont dénommée les journalistes au grand dam des principaux intéressés qui l’avaient,  eux, appelée « Marche pour l’égalité », comme en témoigne le tract de l’appel initiateur du 1er août 1983 signé par 4 jeunes Français d’origine maghrébine de SOS Avenir Minguettes, dont Toumi Djaidja (tout juste remis de la balle tirée dans le ventre par un policier alors qu’il tentait de défendre un jeune des crocs d’un chien policier) et par 4 membres de la CIMADE de Lyon dont Christian Delorme, prêtre et Jean Costil, pasteur, avec le soutien du MAN (Mouvement pour une alternative non-violente). Qui s’en souvenait encore avant le curieux élan de commémoration quasi officielle de ces dernières semaines, à part « ceux et celles qui marchent encore » ?

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Soirée-débat « Mémoire vive des luttes de l’immigration », Paris, 6/03/2014

En passant

Le Gisti et le Cedetim vous invitent à une soirée débat

autour de la sortie du livre, édité par le Gisti, Mémoire des luttes de l’immigration en France, coll. Penser l’immigration autrement

Mémoire vive des luttes de l’immigration

Le jeudi 6 mars 2014, de 19h à 22h (accueil dès 18h30)
au CICP, 21 ter rue Voltaire 75011 Paris (M° rue des Boulets)

Égalité des droits, anticolonialisme et racisme, logement et conditions de vie, travail, autant de thèmes qui ont ponctué les luttes de l’immigration. Revisiter cette longue histoire des luttes passées est

une manière d’alimenter celles du présent à l’heure où la contribution des populations étrangères à l’histoire de France est mise en doute.

Venez en discuter et en débattre autour d’un verre avec les auteur.e.s de l’ouvrage.

Pour commander cet ouvrage : http://www.gisti.org/publications

Carton d’invitation